Par: Marie-Eve Bernard le 12 décembre, 2016
Marie-Eve Bernard

Les employés l’appréhendent, les médecins l’endurent en soupirant, les employeurs l’exigent trop souvent: le billet du médecin est non seulement un fardeau, mais il nuit à la productivité.

C’est prouvé, pour guérir d’un rhume, d’une grippe ou d’une gastro, il n’y a pas trente-six solutions: on doit se reposer et bien s’hydrater.

Choses qui sont difficiles à faire quand on passe plusieurs heures dans la salle d’attente d’une clinique pour réclamer un billet du médecin. Cette pratique est d’ailleurs de plus en plus décriée, notamment par l’Association Médicale Canadienne et celle de l’Ontario.

On comprend les employeurs de vouloir réduire l’absentéisme, mais au final, cette exigence est contre-productive. Voici pourquoi le billet de médecin est de plus en plus impopulaire:


1- Il plombe la relation de confiance employeur-employé

«La gestion des absences pour cause de maladie devrait demeurer entre l’employeur et l’employé. Je ne vois pas ce qu’un médecin a à voir là-dedans», déclare la Dre Alexandra Shema Bwenge, médecin de famille qui a travaillé dans plusieurs urgences du Québec dans les sept dernières années, et qui estime que cette exigence est infantilisante. Un meilleur climat de confiance entre le patron et son personnel, voilà qui serait beaucoup plus sain pour tout le monde.


2- Il nuit à la productivité de l’entreprise

Un malade a besoin de beaucoup de repos. Le contraindre à sortir presque une journée entière pour obtenir un bout de papier peut ralentir considérablement sa guérison… et donc son retour au travail. En fin de compte, c’est surtout l’entreprise qui en souffre.


3- Il nuit à la productivité de l’entreprise, bis

Certains employés, découragés à la perspective d’aller perdre des heures dans une salle d’attente, optent pour un retour au boulot hâtif, alors qu’ils toussent encore, éternuent à tout vent ou courent aux toilettes toutes les demi-heures. Ils risquent ainsi de contaminer leurs collègues, qui tomberont malades à leur tour, prendront congé… et vous connaissez la suite.


4- Il engorge le système de santé

«Les gens savent quoi faire pour se soigner en cas de rhume ou de gastro, affirme la Dre Bwenge. C’est une consultation médicale inutile qui nous empêche de soigner, pendant ce temps, des malades qui en ont vraiment besoin.» Les ressources du système de santé sont déjà débordées, inutile d’en rajouter.


5- Il est potentiellement dangereuse pour les plus vulnérables

Obliger une personne malade à se rendre à la clinique ou à l’hôpital amène dans les salles d’attente de nombreux germes dont tout le monde se passerait bien. «Il y a là des personnes vulnérables, comme les bébés, les femmes enceintes, les personnes âgées ou souffrant du cancer, pour qui attraper une grippe peut être très problématique», expose la médecin. En restant chez soi, on évite de contaminer les autres. Et d’attraper soi-même un autre virus sur l’appuie-bras d’une chaise ou la couverture d’un magazine datant d’il y a trois ans.

En somme, quand un employé se déclare malade, mieux vaut tabler sur son honnêteté et le laisser guérir tranquille. Tout le monde s’en portera mieux: lui d’abord, l’entreprise ensuite, et plus largement, le système de santé.

Thèmes: Pour les organisations

À propos de l’auteur(-trice)

Marie-Eve est une chef de talent. Elle a plus de 10 ans d'expérience dans plusieurs entreprises de technologie et est une experte en stratégie de marque pour les employeurs, en outils de recrutement, en analyse de données et en métriques permettant de sélectionner un grand nombre de candidats pour prédire la réussite dans un rôle.