Par: Midhat Zaman le 10 août, 2023
Midhat Zaman

En 2020, la perte de productivité découlant de l’utilisation de substances par la main-d’œuvre a coûté 22,4 milliards de dollars aux employeurs canadiens. Le coût total de l’utilisation de substances pour l’économie canadienne a été beaucoup plus élevé, atteignant 49,1 milliards de dollars. 

L’utilisation de substances peut sembler être un problème personnel, mais elle a des incidences importantes sur le milieu de travail, se répercutant sur le moral de l’équipe, la sécurité et la productivité. Or, les gestionnaires ne savent pas tous comment repérer efficacement les signes d’utilisation de substances chez les membres de leurs équipes ni comment aborder ce sujet délicat.

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En tant que gestionnaire ou collègue, comment pouvez-vous reconnaître les signaux d’alarme dès qu’ils se manifestent? Changement de comportement, augmentation de l’absentéisme, diminution de la performance... Il existe des indices clés à surveiller en milieu de travail en ce qui concerne la dépendance aux drogues ou à l’alcool. Découvrez quelques façons simples d’offrir du soutien aux personnes qui en ont besoin. 

 

Ce que vous devez savoir à propos de l’utilisation de substances

C’est un problème complexe

Il découle de divers facteurs et a des répercussions différentes sur les individus. Les gens peuvent se tourner vers des substances pour faire face au stress, à la pression ou à des défis personnels, en cherchant un soulagement temporaire ou une échappatoire à leurs exigences quotidiennes. Mais ce qui peut commencer par une consommation occasionnelle ou apparemment inoffensive peut rapidement se transformer en un problème plus grave s’il n'est pas géré de manière appropriée.

 

L’utilisation de substances se situe sur un spectre

D’un côté, il y a la consommation contrôlée et occasionnelle qui n’affecte pas le bien-être général. Un peu plus loin dans le spectre, certaines personnes consomment des substances pour faire face au stress, tout en restant fonctionnelles. Au fur et à mesure que la dépendance augmente, les individus peuvent se retrouver à un point critique où l’utilisation de substances commence à mettre en péril les performances professionnelles, les relations et la santé mentale et physique. De l’autre côté du spectre, un véritable trouble d’utilisation de substances apparaît, qui a de graves répercussions sur le travail et la vie personnelle. Comprendre cette progression aide les lieux de travail à intervenir efficacement et à offrir le soutien adéquat pour créer un environnement plus sain.


L’utilisation de substances est souvent liée à un traumatisme 

Les personnes victimes de discrimination ou appartenant à des groupes historiquement marginalisés peuvent être confrontées à toute une série d’expériences traumatisantes, allant des microagressions à la violence ouverte. Les traumatismes touchent également les survivants d’abus et les personnes souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique. Pour faire face à la douleur causée par ces expériences, les individus peuvent se tourner vers les substances comme moyen d’y faire face : 

  • en camouflant les sentiments d’inadéquation

  • en atténuant l’anxiété et l’hypervigilance

  • en s’évadant temporairement 

Avec le temps, cette stratégie d’adaptation peut évoluer vers une dépendance ingérable, affectant non seulement la vie personnelle de l’individu, mais aussi ses performances professionnelles et ses interactions au travail.


Décelez les signes d’un trouble lié à l’utilisation de substances

Changement de comportement ou de personnalité

Lorsque des collègues sont dépassés par leur dépendance, il n’est pas rare que cette situation les pousse à s’isoler. Il se peut également que ces personnes manifestent de la tristesse, de la colère ou de l’anxiété lorsqu’elles sont à jeun. En cas de sevrage, elles peuvent souffrir de divers déficits cognitifs, comme une mauvaise mémoire de travail, un manque de vigilance, des difficultés de concentration et des capacités de prise de décision réduites.

Tous ces changements peuvent se répercuter sur leur performance au travail et sur leurs relations qu’elle entretient avec les autres membres de l’équipe. Dans le but d’assouvir leur dépendance, elles peuvent prendre des risques tant pour se procurer que pour utiliser des drogues ou de l’alcool et qu’elles perdent de l’intérêt pour les activités qu’elles aimaient auparavant.


Augmentation de l’absentéisme

L’absentéisme est beaucoup plus élevé chez les personnes qui souffrent de troubles liés à l’utilisation de substances : 

  • 7 jours d’absence supplémentaires dans le cas de l’utilisation de marijuana

  • 15 jours d’absence supplémentaires dans le cas de l’utilisation d’opioïdes

  • 23 jours d’absence supplémentaires dans le cas de l’utilisation de plusieurs drogues

Lorsque ces personnes ont utilisé des substances ou lorsqu’elles souffrent des effets secondaires de leur utilisation (comme la « gueule de bois » ou les symptômes de sevrage), il est possible qu’elles aient de la difficulté à suivre un horaire constant et qu’elles arrivent sur le lieu de travail en retard ou le quittent trop tôt. De tels écarts s’accompagnent souvent de vagues excuses liées à une maladie personnelle ou à des problèmes familiaux. 

 

Dégradation de la santé et de l’apparence physiques

Est-ce qu’un membre de votre équipe présente un ou plusieurs des signes suivants?

  • Yeux rouges

  • Teint blême

  • Maux de tête chroniques

  • Symptômes d’allure grippale persistants

L’utilisation de substances peut avoir des effets néfastes sur le corps, et ceux-ci peuvent être aggravés par des changements d’appétit, qui entraînent souvent une perte de poids. Il peut s’ensuivre une diminution du niveau d’énergie pour la réalisation des activités quotidiennes, qui peut avoir une incidence considérable sur la performance au travail et la productivité globale.

Le laisser-aller en ce qui a trait à l’apparence physique et à l’hygiène personnelle est un autre indicateur, qui devient particulièrement évident dans les milieux de travail où des exigences à cet égard doivent être respectées.

 

Faites preuve de compassion et d’empathie

Les problèmes d’utilisation de substances s’accompagnent généralement de difficultés sur le plan émotionnel. Il est donc important que vous adoptiez une approche d’écoute active dépourvue de jugement si une personne que vous côtoyez au travail décide de vous faire part de son expérience ou de ses sentiments. Faites savoir à cette personne que vous vous souciez de son bien-être et qu’elle peut vous parler ouvertement, sans craindre de reproches. 

La productivité et la performance de votre collègue pourraient en prendre un coup, alors offrez-lui de l’aider dans ses tâches ou ses responsabilités professionnelles. Cela dit, encouragez aussi la personne à prendre son travail en main et à demander l’aide d’un gestionnaire ou du service des ressources humaines, au besoin.


Incitez la personne à demander de l’aide professionnelle

Même si vos intentions sont bonnes, n’oubliez pas que vous n’avez pas reçu de formation professionnelle en matière d’intervention. Il est crucial que vous encouragiez la personne à obtenir des soins cliniques pour assurer son bien-être et éviter que le problème ne s’aggrave.

Si la personne est disposée à demander de l’assistance, offrez-lui de l’aider à trouver des options de traitement et des groupes de soutien appropriés dans votre région. Les ressources offertes par votre employeur constituent un bon point de départ. Vérifiez si vous avez accès à un programme d’aide aux employés qui pourrait mettre votre collègue en contact avec un thérapeute, un conseiller ou un expert en toxicomanie.

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Gardez à l’esprit que la personne pourrait ne pas être prête à accepter de l’aide dans l’immédiat. Il se peut qu’elle ait besoin de temps pour assimiler ce dont vous avez discuté et accepter sa situation. Respectez sa décision, mais dites-lui que vous serez là pour la soutenir dès qu’elle sera prête à aller de l’avant.

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Respectez les limites de la personne

Lorsqu’on respecte les limites d’une personne, on est plus susceptible de gagner sa confiance. Établir la confiance est essentiel lorsqu’il est question de problèmes délicats comme l’utilisation de substances : cela peut aider votre collègue à se sentir plus en sécurité et peut accroître sa disposition à demander de l’aide. Ne forcez pas la personne à dévoiler des renseignements personnels ou à obtenir de l’aide si elle ne se sent pas prête à le faire. Et ne parlez pas de la situation avec d’autres gens, à moins que la personne ne vous en donne explicitement la permission.

En respectant les limites de votre collègue, vous lui permettrez de conserver son autonomie et de prendre ses propres décisions en ce qui a trait à la demande d’aide. Lorsqu’on pousse une personne au-delà de sa zone de confort, il peut en résulter l’inverse des résultats escomptés, et la personne est susceptible de se sentir impuissante. Et lorsqu’on outrepasse les limites d’une personne, on risque de lui causer des préjudices involontaires. Il est possible qu’elle s’isole encore davantage, qu’elle se sente attaquée ou qu’elle adopte une attitude défensive, ce qui entraverait tout progrès potentiel.

Qu’en est-il de vos propres limites? 
Il peut être éprouvant d’essayer d’aider une personne aux prises avec des problèmes d’utilisation de substances. En respectant des limites, vous serez en mesure d’assurer votre propre bien-être et d’établir vos propres limites. Rappelez-vous que vous n’êtes pas responsable des problèmes d’utilisation de substances de votre collègue. Vous pouvez lui offrir du soutien et de l’aide, mais la responsabilité ultime de leur bien-être lui incombe.


Apprenez à vaincre la stigmatisation

Les personnes aux prises avec des problèmes d’utilisation de substances peuvent hésiter à demander de l’aide ou du soutien par peur d’être jugées, de faire l’objet de discrimination ou de subir des répercussions au travail. Cette crainte peut donc entraîner une détérioration de leur état de santé au fil du temps, et leur bien-être émotionnel peut également en souffrir.

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En vous renseignant sur le phénomène de dépendance, vous serez en mesure de mieux comprendre sa complexité. Ce savoir vous aidera à reconnaître que la dépendance est un problème de santé chronique, et non un défaut moral. Les troubles liés à l’utilisation de substances reflètent souvent des problèmes émotionnels et psychologiques plus profonds, et cette prise de conscience permet de ne pas porter de jugement ou d’agir avec mépris.

 

Priorisez la prévention et le soutien

L’utilisation de substances traduit souvent des problèmes de santé mentale ou physique sous-jacents. En reconnaissant ce lien dès le début, on peut faire face à ces difficultés de manière proactive avant qu’elles ne deviennent trop difficiles à gérer.

Le programme Santé mentale+ de Dialogue est conçu pour vous aider, vous et les membres de votre équipe, à consulter des thérapeutes, au besoin. Il vous aide ainsi à acquérir les compétences requises pour mieux gérer votre stress, votre anxiété et vos émotions négatives, qui pourraient autrement devenir accablants et mener à l’utilisation de substances comme mécanisme d’adaptation.

La focalisation sur le bien-être physique et la pleine conscience est aussi une stratégie d’adaptation efficace. Le programme Bien-être de Dialogue aide les membres du personnel à adopter de saines habitudes en leur offrant un contenu personnalisé reflétant leurs besoins. Il vous donne accès, à vous et aux membres de votre équipe, à d’autres méthodes d’adaptation, au-delà de l’utilisation de substances.


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Thèmes: Pour les organisations

À propos de l’auteur(-trice)

Midhat Zaman est une stratège de contenu, une spécialiste du marketing et une rédactrice passionnée chez Dialogue. Elle a à cœur d’aider les leaders des ressources humaines et les employé(e)s à relever efficacement les défis du monde du travail. Midhat met son amour pour le contenu de qualité au service de la santé et du bien-être. Grâce à des articles perspicaces, des guides exhaustifs et plus encore, elle vise à donner à la population canadienne le soutien dont elle a besoin pour améliorer son bien-être.