Par: Michelle Normandeau le 7 janvier, 2021
Michelle Normandeau

Depuis quelques années, de nombreuses organisations proposent des programmes de mieux-être en milieu de travail, reconnaissant ainsi la nécessité d’offrir aux employé(e)s un ensemble d’avantages sociaux, y compris du soutien en santé mentale. Et pour cause, car de plus en plus de personnes sont aux prises avec des problèmes de santé mentale qui peuvent avoir un impact majeur sur leur capacité à travailler.

Selon des données de Statistique Canada, 27 % des travailleurs et des travailleuses au Canada sont soumis chaque jour à des niveaux de stress élevés ou même très élevés. De plus, la Sun Life rapporte que, de 2016 à 2019, ce sont les problèmes de santé mentale qui ont été le principal facteur de la hausse des prestations d’invalidité de longue durée, et que 59 % des travailleurs et des travailleuses ont connu un problème de santé mentale. Et, sans surprise, la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’exacerber ces problèmes. Un sondage mené par Pollara Strategic Insights pour le compte de Recherche en santé mentale Canada révèle que, à la suite de l’éclosion de coronavirus, la proportion de la population canadienne déclarant des niveaux élevés d’anxiété est passée de 5 % à 21 % (novembre 2020). La proportion de la population affirmant être confrontée à la dépression a doublé avec la pandémie, et demeure stable à 12 %.  

Néanmoins, au cours du dernier mois, les indicateurs d’anxiété et de dépression se sont améliorés de manière significative, selon un nouveau rapport publié en 2022 par RSMC. En fait, depuis que le Canada est entré dans la période de rétablissement post-pandémique, l’anxiété élevée autoévaluée a presque diminué de moitié (de 21 % à 11 %), et la dépression élevée autoévaluée a diminué d’un tiers (de 14 % à 9 %) par rapport aux niveaux observés pendant la pandémie de COVID-19.   

Même si le stress et l’anxiété ont réduit, il s’agit toujours d’un problème grave auquel les milieux de travail doivent s’attaquer. Mais comment choisir le programme qui fera vraiment la différence pour vos employé(e)s et qui aura un effet positif sur votre organisation? Nous avons défini les cinq principaux critères à prendre en compte au moment de choisir un programme de santé mentale en milieu de travail.

1. La prévention d’abord

Bien qu’il semble que nous ayons collectivement fait beaucoup de chemin pour déstigmatiser la maladie mentale, des études suggèrent que les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale sont encore perçues négativement. Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), 64 % des travailleurs et des travailleuses en Ontario affirment qu’ils seraient inquiets de l’impact sur leur charge de travail si un(e) collègue souffrait d’une maladie mentale, et 39 % indiquent qu’ils ne le diraient pas à leur supérieur s’ils avaient un problème de santé mentale.

Cette stigmatisation peut provoquer des sentiments de désespoir et de honte chez les personnes souffrant de maladie mentale, ce qui ne fait qu’aggraver le problème. Elle crée également un obstacle important au traitement, en empêchant 40 % des personnes qui souffrent d’anxiété ou de dépression de chercher une aide médicale.

Selon Annabel Tremblay, chef d’équipe et spécialiste de la santé mentale chez Dialogue, il est essentiel de privilégier un programme qui lutte contre la stigmatisation des problèmes de santé mentale en milieu de travail par des mesures en amont, plutôt que de proposer simplement des solutions a posteriori. Ce type de programme sert à vérifier régulièrement l’état de la santé mentale des employé(e)s, ce qui évite à ceux et celles qui sont en difficulté de devoir faire les démarches nécessaires afin d’obtenir de l’aide. Il peut être composé d’outils de mesure du stress au travail, tels qu’un questionnaire évaluant la santé mentale ou des tests de dépistage du stress. Il peut également prévoir l’organisation de rencontres avec un(e) spécialiste de la santé mentale, la communication de conseils en matière de bien-être et la tenue de webinaires éducatifs sur la conciliation travail-famille. En bref, un bon programme devrait aider à créer un climat de travail positif qui prône la normalisation des problèmes de santé mentale.

2. Accès facile et pratique à l’aide thérapeutique

Vos employé(e)s sont plus susceptibles de profiter d’une thérapie si elle est facile d’accès et adaptée à leur emploi du temps. Un programme de santé mentale qui offre une thérapie virtuelle – une discussion privée et individuelle par vidéoconférence – permet aux gens de rencontrer un thérapeute dans le confort de leur foyer, ce qui leur évite d’avoir à se déplacer pour se rendre à un rendez-vous en personne.

Qui plus est, des études révèlent qu’une thérapie virtuelle peut être tout aussi efficace qu’une thérapie en personne. Bien que cette dernière soit recommandée pour les personnes qui sont en détresse psychologique grave ou aux prises avec une maladie mentale grave ou une dépendance, la thérapie virtuelle est bénéfique pour de nombreuses autres personnes.

Il est également important de choisir un programme de santé mentale qui permet à vos employé(e)s de parler à un thérapeute dans les heures qui suivent la demande. Si le temps d’attente pour un rendez-vous se compte en jours ou en semaines, les employé(e)s pourraient voir leurs symptômes s’aggraver et être moins enclin(e)s à entreprendre une thérapie. Il faut beaucoup de courage pour faire un premier pas et demander de l’aide. Le programme choisi devrait donc leur faciliter la tâche en les aidant à prendre contact avec un(e) thérapeute (ce qui peut être un processus difficile et fastidieux) sans devoir faire la longue file d’attente habituelle pour obtenir ce genre de soins au Canada. En Ontario, par exemple, les personnes aux prises avec des problèmes graves de santé mentale doivent patienter environ 72 jours pour obtenir une consultation et un traitement financé par la province.

3. Équipe multidisciplinaire et traitement global

Les besoins de chaque personne étant différents, un bon programme de santé mentale devrait proposer un plan de traitement personnalisable en fonction de l’état et des préférences de chacune. Certaines n’auront besoin que d’une courte rencontre de temps en temps, tandis que d’autres seront mieux servies par quelques séances avec un conseiller. D’autres encore devront être suivies de près par un(e) spécialiste reconnu(e). Et dans certains cas, des personnes pourraient avoir besoin de médicaments pour les aider à maîtriser leurs symptômes.

Idéalement, votre programme de santé mentale offrira l’accès à une équipe multidisciplinaire – comprenant des spécialistes de la santé mentale, des psychologues, des psychothérapeutes, des médecins et des infirmières praticiennes – afin que vos employé(e)s puissent être traité(e)s rapidement par le(la) professionnel(le) de la santé le(la) plus approprié(e) pour eux. Il n’est pas toujours facile de savoir quel(le) spécialiste convient. Par exemple, une personne ayant des troubles du sommeil peut d’abord consulter un médecin, qui détermine que le problème est lié au stress et oriente la personne vers un(e) spécialiste de la santé mentale. Avoir accès à différents types de professionnel(le)s de la santé n’est pas seulement pratique, il est également prouvé que cela donne de meilleurs résultats pour les personnes qui les consulte. Une étude publiée en 2019 dans l’American Journal of Psychiatry révélait que, pour les adultes souffrant de dépression, la thérapie cognitivo-comportementale combinée à des antidépresseurs donnait de meilleurs résultats que l’un de ces traitements uniquement.

4. Offrir tout le soutien nécessaire à la guérison

Un bon programme de santé mentale en milieu de travail visera à fournir à chaque patient(e) tout ce dont il a besoin pour aller mieux. En plus d’adapter le plan de traitement aux besoins individuels, cela signifie qu’il ne devrait pas y avoir de limite au nombre de séances de thérapie.

En général, les régimes d’avantages sociaux remboursent un certain nombre de séances ou un montant maximum par type de thérapie. Si la personne doit poursuivre sa thérapie une fois cette limite atteinte, les séances supplémentaires sont à la charge de celle-ci ou à celle de l’employeur, ce qui pose certains problèmes. En tant qu’employeur, vous serez alors confronté aux coûts croissants d’une thérapie à long terme ou, si votre employé(e) doit payer de sa poche, au risque que la personne abandonne la thérapie, ce qui mettrait en péril sa guérison et aurait des répercussions négatives à la maison et au travail.

Votre programme de santé mentale devrait comprendre un nombre illimité de séances afin que les employé(e)s malades restent engagé(e)s dans le processus de guérison et capables de poursuivre la thérapie aussi longtemps que les personnes le souhaitent. Dans certains cas, cela peut réduire le temps passé en congé d’invalidité ou éliminer complètement la nécessité d’un congé. Le programme doit également garantir qu’une personne peut continuer à voir le même thérapeute pendant toute la durée du traitement.

5. Un suivi post-thérapeutique

Un des éléments essentiels de la réussite d’un traitement est le suivi post-thérapeutique. À la fin de la thérapie, la personne qui consulte devrait assister à des rencontres de suivi avec son(sa) thérapeute afin d’évaluer sa capacité à affronter le stress et le développement de la résilience nécessaire à une guérison complète. Certains programmes attribuent également à chaque patient(e) un gestionnaire de suivi afin d’évaluer les progrès et d’assurer la coordination entre les différents professionnel(le)s de la santé impliqué(e)s dans le traitement.

Chaque employé(e) devrait également avoir accès à des documents professionnels portant sur la santé mentale et sur la gestion du stress au travail, le bien-être et la résilience. Ce genre de documents peut contribuer à prévenir des problèmes tels que l’épuisement professionnel et le présentéisme.

6. Des coûts prévisibles et gérables

Il y a toujours des moments où la demande de soutien en matière de santé mentale est forte, comme on a pu le constater avec l’accroissement de l’anxiété et de la dépression durant la pandémie de COVID-19 ou encore comme cela arrive en automne et en hiver lorsque se présentent les symptômes de la dépression saisonnière. Idéalement, votre programme de santé mentale en milieu de travail sera conçu pour affronter ces périodes de forte activité en ayant en place les ressources nécessaires pour répondre à une demande accrue. Ainsi, vos employé(e)s auront accès rapidement à l’aide dont ils(elles) ont besoin. Les coûts du programme devraient également être prévisibles et tenir compte de ces pics de demande. De cette façon, votre organisation n’aura pas à absorber une hausse inattendue des coûts.

Un programme offrant en tout temps un soutien complet en matière de santé mentale à un prix mensuel fixe par employé(e) constitue donc votre meilleur choix. Il devrait comprendre des ressources comme des tests d’évaluation du stress ou des rencontres avec un(e) spécialiste de la santé mentale pour les personnes qui désirent se soigner elles-mêmes, mais aussi des traitements structurés et approfondis offerts par des professionnel(le)s de la santé pour celles qui en ont besoin. Un tel programme est plus facile à gérer qu’un programme offrant des services à la demande dont les coûts fluctuent. Il permet en outre de réduire les coûts imprévus liés à la perte de productivité et les difficultés découlant de la gestion des employé(e)s aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Mais le plus important, c’est que vous investissez dans la santé globale de votre organisation en montrant à vos employé(e)s que vous vous souciez de leur bien-être et en prônant un milieu de travail où le soutien à la santé mentale est normalisé.

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Thèmes: Pour les organisations

À propos de l’auteur(-trice)

Michelle is the content writer for Dialogue. She's also a freelance writer for multiple publications including Narcity Media and Time Out Montreal.